Posturothérapie : le journal de la posturologie de Lisbonne

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lundi, février 21, 2005

30/ Des prismes miraculeux



Toute vérité passe par 3 stades :
en premier lieu, on la ridiculise,
en second, on s'y oppose violemment,
et enfin on finit par l'accepter
comme si elle allait de soi.
Schopenhauer.

Pour l'instant, les médecins ne savent pas vraiment comment, ni pourquoi, cette méthode de rééducation avec des lunettes équipées de prismes de plus de 10 dioptries fonctionne........alors devons nous vraiment attendre des explications scientifiques pour essayer des traitements qui ne peuvent qu'améliorer le quotidien et non pas le détérorier!

Les prismes dans le cas présent n'ont rien à voir avec les prismes de Lisbonne (qui eux sont inférieurs à 4 dioptries) mais cet article montre que les effets prouvés des prismes n'ont pas encore été démystifiés par les neurologues.

Des lunettes prismatiques pour les patients souffrant d’héminégligence spatiale

Qu’est ce que l’héminégligence ?

L'héminégligence, aussi nommée " négligence spatiale unilatérale ", touche entre 25 000 et 30 000 personnes en France, le plus souvent des victimes d'un accident vasculaire cérébral.

C’est un trouble neurologique qui empêche de percevoir correctement l'espace.
Il résulte habituellement d'une lésion de l'hémisphère droit - qui a un rôle prédominant dans l'appréhension de l'espace. .Il est observé à la suite de lésions dans la partie droite du cerveau.

les patients perdent la conscience et l'attention de ce qui se situe à leur gauche.
Dans les trois mois, près des deux tiers retrouvent la perception. Pour les autres, la négligence peut se manifester plus longtemps et rendre la vie impossible.
Les patients présentent, dans la partie gauche de l'espace, un déficit de la perception et de l'attention, ils éprouvent des difficultés à s'y représenter les choses ou à y agir.

Ce handicap leur pose de nombreux problèmes dans la vie quotidienne : ils ne perçoivent que la moitié droite de l'espace ou des objets, heurtent les obstacles situés sur leur gauche, ne se rasent que d'un côté...
L'enfant héminégligent ne recopiera que la partie droite d'un dessin.
La femme héminégligente ne se maquillera qu'à gauche et se cognera dans les meubles situés à sa gauche.

Ce déficit peut aussi altérer la mémoire du langage. Ainsi, face à une carte de France, certains patients ne citent que les villes situées à l'est de la Loire. Lorsque l'on retourne cette carte, dans le sens nord-sud, ils ne nomment cette fois que des communes de l'ouest, omettant totalement les villes de l'est dont ils viennent pourtant de dresser la liste... "
Ce déficit est d'autant plus handicapant que les patients n'ont pas conscience de leur trouble.

De plus l'héminégligence est, dans de nombreux cas, associée à une hémiplégie gauche.
Elle implique souvent des troubles de posture et constitue un facteur de mauvais pronostic fonctionnel pour les sujets atteints d'hémiplégie gauche. " Cette imbrication d'incapacités, hémiplégie, héminégligence, parfois aussi héminopsie (incapacité de voir une partie de la réalité), se conjuguent pour renforcer le handicap, tout à la fois moteur, sensoriel et intellectuel.

Découverte en 1998
L'équipe d' Yves Rossetti (unité INSERM U. 94, dirigée par Claude Prablanc, Bron), en collaboration avec des cliniciens des Hospices Civils de Lyon ont mis au point une méthode de rééducation au moyen de lunettes spéciales pour les patients souffrant d’héminégligence spatiale.
Elles sont équipées de verres prismatiques qui dévient le champ visuel de 10 degrés à droite .


EXPERIENCE
Les chercheurs de l'INSERM ont soumis 16 patients héminégligents à un exercice simple : viser une cible avec leur doigt alors qu'ils portent des lunettes spéciales.

Ces lunettes se composent d'un prisme qui possède la propriété de dévier le champ visuel vers la droite, le but de l'expérience étant de modifier la coordination entre l'œil et la main.

Au début de l'exercice, les patients passent par une phase d'adaptation durant laquelle ils ne peuvent pas viser précisément leur cible.

Ce n'est qu'après trois minutes que le cerveau s'adapte à la déviation visuelle engendrée par le prisme et qu'ils sont capables de désigner où se situe la cible.

Les chercheurs ôtent ensuite les lunettes aux patients et constatent une amélioration notable de leur héminégligence, non seulement pour les représentations élémentaires de l'espace (désignation manuelle, détection d'objets), mais aussi pour des tâches cognitives beaucoup plus élaborées (dessin, lecture).

En outre, les chercheurs notent que la durée de l'amélioration observée est de plusieurs heures.

Quand on les met, il faut trois minutes pour s'adapter au décalage. Dès qu'on les quitte, on retrouve instantanément ses repères visuels. " Chez les personnes héminégligentes, ces lunettes peuvent avoir un effet spectaculaire : lorsqu'elles ôtent les lunettes, beaucoup retrouvent leur gauche perdue…


La méthode de rééducation consiste à pratiquer un exercice simple avec les lunettes prismatiques sur le nez : pendant cinq minutes, le patient doit s'exercer à désigner un point devant lui. Au bout de quelques séances, la plupart des personnes recouvrent, à des degrés divers, leur capacité à percevoir, à être attentives et à agir dans leur hémichamp gauche.

CONCLUSION

Cette méthode simple qui permet, contrairement à toutes les techniques jusqu'à présent utilisées, d'améliorer de façon durable les symptômes dus à cette pathologie, pourrait fournir une nouvelle approche dans le traitement des troubles engendrés par ce syndrome.

On ne dispose jusqu'à présent que d'un arsenal thérapeutique limité (comme la stimulation sensorielle qui consiste à mettre de l'eau froide dans l'oreille) aux effets de courte durée.

Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives de rééducation reposant sur l'utilisation d'une technique simple, non invasive, sans effet secondaire et à coût réduit.

EXPLICATIONS
Pour l'instant, les médecins l'avouent, ils ne savent pas vraiment comment, ni pourquoi, cette méthode fonctionne. Ni précisément combien de temps durent ses effets, ni pour qui et à quel rythme il faut prescrire l'exercice. " Pour l'instant, la rééducation des patients se fait au cas pas cas. Chacun réagit différemment ", note le Pr Rode.

Cette récupération de la perception met vraisemblablement en jeu des mécanismes de plasticité cérébrale, cette capacité qu'a notre cerveau de s'adapter. Les prismes lui imposent une distorsion visuelle, il réagit alors différemment, même sans les lunettes.

Mais quelles zones cérébrales ont réellement été mobilisées ?
Comment l'espace est-il géré et l'action organisée par notre cerveau ?
Comment, précisément, survient l'héminégligence ?
Avec quelle efficacité et selon quelles modalités sa rééducation peut-elle intervenir ?
Un essai thérapeutique de trois ans avec vingt patients est sur le point de s'engager à Lyon.



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