Posturothérapie : le journal de la posturologie de Lisbonne

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samedi, janvier 08, 2005

22/ La machine à lire l’œil : le photo-oculographe (POG)


Thème abordé lors du Forum Européen « Regards et vision » (il s’agit d’un congrès scientifique soutenu par le Groupe Essilor France qui s’est tenu à Lille en sept 2004 ).

« Oui, remets ta tête droite, super, tu ne bouges plus ». La voix féminine s’échappe d’une salle voisine, s’adressant très certainement à un enfant. Nous sommes au service d’Exploration Fonctionnelle de la Vision de l’Hôpital Roger Salengro de Lille. C’est derrière ces murs que se cache un appareil peu commun : le photo-oculographe (POG).

« Il permet de voir comment le sujet explore l’espace qui l’entoure » explique l’orthoptiste Karine Beaussart, pour qui la machine n’a plus de secret. Le POG permet aussi d’analyser les stratégies de lecture des enfants et notamment de détecter celles qui sont singulières.

La technique repose sur l’étude du trajet qu’effectue l’oeil, le nombre de mouvements oculaires
vers la gauche et vers la droite et les temps de fixations sur les mots.

La lecture n’est en effet pas un mouvement lisse, contrairement à l’impression que nous pouvons en avoir. Les yeux effectuent un mouvement de saccades et font des sauts d’un mot ou d’une syllabe à l’autre. Ces paramètres varient selon les âges de la vie.

Comme l’explique Sabine Defoort, ophtalmo-pédiatre dans le même service : « Pour lire le mot « panorama », un lecteur adulte va regarder le o de « panorama » et va alors lire tout le terme. Un enfant, lui, lira « pa », « no », « ra », reviendra sur le « pa » et repartira sur le « ra » ».

Le dispositif s’adapte facilement sur les enfants et l’examen dure entre 15 et 30 minutes.

Le patient pose son menton sur une mentonnière située à 40 cm d’un écran d’ordinateur. « Une
caméra infra-rouge étudie le reflet cornéen et permet d’enregistrer le mouvement de l’œil dans les différents exercices qui lui sont présentés » explique Sabine Defoort.

La manipulation se fait sur l’oeil directeur c'est-à-dire l’œil dominant
. « C’est comme si on regardait la télé » explique Karine Beaussart avant de rajouter que « les enfants aiment beaucoup cet examen parce qu’on leur montre Pinocchio et on les fait lire ».

Plusieurs tests successifs sont réalisés.


  • Dans « l’exploration libre », une scène de la vie quotidienne est présentée à l’enfant pendant 90 secondes. Il doit ensuite raconter ce qu’il a vu et renseigne par la même sur la façon dont il aborde son environnement.

  • Dans « le dénombrement », l’enfant doit compter par exemple un nombre de bateaux et de poissons.

  • Et puis il y a le test de lecture. Un court texte dont le niveau de difficulté varie selon l’âge de l’enfant, et qui doit le lire suffisamment lentement pour pouvoir répondre à des questions.


« Les enfants qu’on nous envoie peuvent souffrir de différents troubles », comme ceux de l’attention (apraxie oculo-motrice), et dans la plupart des cas de la dyslexie.

Sur leurs tracés,les fixations dans les mots sont très nombreuses et les trajets visuels vont dans tous les sens. Les degrés de pathologie sont donc facilement repérables.

Même si « la photooculographie est utilisée dans le cadre de recherche sur la lecture », et qu’elle existe depuis dix ans maintenant, Sabine Defoort déplore « qu’elle reste sous utilisée en clinique, faute de temps et d’argent ».

Source :http://www.essilor.fr/RESSOURCES-SCIENTIFIQUES/CONFERENCES/Lille2004/Point%20de%20Vue.pdf