Posturothérapie : le journal de la posturologie de Lisbonne

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vendredi, décembre 17, 2004

12/ Dystonie de fonction chez les musiciens et les informaticiens

Corrélation entre la dystonie de fonction et la posturographie chez 12 musiciens.

par Jérôme TERREAU
Kinésithérapeute D.E.
Résumé de la conférence BIO-AMADEUS du 12 juin 1997


La dystonie de fonction est une pathologie non douloureuse des activités de finesse. Au niveau du membre supérieur, elle est semblable chez les musiciens et chez les informaticiens. C’est une altération de la coordination des doigts que’ l’on rencontre le plus souvent au niveau des 4ème et 5ème doigts (annulaire et auriculaire).

Des gestes techniques répétitifs, un manque de rigueur technique, la fatigue, le stress et l’angoisse sont des facteurs conditionnant l’apparition d’une dystonie de fonction.


La dystonie de fonction apparaît le plus souvent lors d’un passage musical nécessitant une exécution rapide. Elle est perçue comme un « blocage » des doigts à un moment donné du passage musical. En dehors de l’activité musicale, l’utilisation de la main est normale.

Les premiers écrits sur la dystonie de fonction ou crampes professionnelles, son nom de l’époque, apparurent vers 1830. Elle fut décrite chez les musiciens, les danseurs, les télégraphistes. Beaucoup de termes seront utilisés pendant le fin du XIXème siècle comme surmenage, maladie de fatigue. Déjà Robert Schumann décrivait dans son journal intime des symptômes semblables à ceux de la dystonie de fonction. C’est à l’âge de 20 ans qu’il commença à se plaindre de son « doigt insensible ». A 22 ans, il renonce à sa carrière de pianiste pour celle de compositeur.

Dans l’étude de la dystonie de fonction, l’analyse du système postural fin peut certainement amener des renseignements complémentaires. Le système postural fin régule le tonus musculaire de posture nous permettant de garantir notre équilibre debout suivant notre propre référence corporelle. Le maintient de l’équilibre orthostatique produit des oscillations posturales.

Le système postural fin est exploré par une plate-forme de stabilométrie clinique. Celle-ci est informatisée, et enregistre les oscillations de la projection du centre de gravité au sol en suivant différentes modalités d’examens (yeux ouverts, puis fermés, avec, puis sans cale dentaire, avec, puis sans tapis de mousse).

Le système postural fin fait intervenir la notion de verticalité subjective. La verticalité de notre corps est peut-être différente de la verticalité du fil à plomb servant de référence. L’analyse du système postural fin par l’intermédiaire de la projection du centre de gravité au sol nous donne ces informations.

C’est ainsi que l’on pourra décrire, par exemple, une projection du centre de gravité décalée vers l’avant et la droite. Ce sont le système vestibulaire (les canaux semi-circulaires), la vision, la proprioception, les soles plantaires qui nous donnent notre référence de la verticalité : c’est la verticalité subjective. Tous ces systèmes participent aussi au dépistage de la variation du moindre changement de position du corps.

La vision et l’occlusion dentaire (rapport entre les dents maxillaires et mandibulaires) peuvent influencer de manière importante le système postural fin, et ainsi modifier l'équilibre orthostatique.

Sur les enregistrements effectués par les 12 musiciens, 3 ont montrés des résultats intéressants.

  • 2 musiciens ont amélioré leur performance posturographique en serrant une cale dentaire. C’est-à-dire que la présence de la cale dentaire à modifié l’interprétation neurosensorielle dans la régulation de la posture orthostatique. Pour ces 2 musiciens, des questions peuvent être émises sur la présence d’une déglutition atypique ou d’une malocclusion.


  • 3 musiciens se sentent plus à l’aise les yeux fermés. C’est une « cécité posturale ». On peut donc supposer que ces 3 musiciens présentent un conflit d’information entre les afférences visuelles et les afférences podales dans la régulation de l’équilibre entre yeux ouverts et yeux fermés.

A l’avenir, il sera certainement très judicieux de procéder à une analyse par catégorie en changeant le protocole d’enregistrements posturographiques. Ces catégories pourront être par exemple :

  • présence ou absence de malocclusion
  • dystonie droite ou gauche, voire bilatérale
  • spécialité instrumentale de chaques musiciens
  • la vision : présence ou absence de lunettes.


Une analyse de ce type pourrait mettre en évidence d’autres résultats permettant d’affirmer l’importance des afférences visuelles, podales, de la proprioception, et de l’occlusion dentaire dans le système postural fin des musiciens dystoniques.

Tout ceci pourrait permettre un traitement plus efficace et plus rapide de la dystonie de fonction.

(Source : Association Lyonnaise BIO-AMADEUS )

http://www.ars-dom.com/bioamadeus/)