Posturothérapie : le journal de la posturologie de Lisbonne

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vendredi, avril 22, 2005

34/ Posturologie Orthopractie : "Le sens du Toucher"

Les promoteurs de la méthode étaient en congrès à AngIet (12/13 mars 2005)

Les journées de posturologie orthopractie se sont déroulées à Anglet en présence notamment de Jean-Luc Safin, kinésithérapeute et promoteur de la méthode en France.


Une méthode qui soigne le patient debout non pas en se focalisant sur le lieu de la douleur mais sur son origine : le cerveau, carrefour de toutes les informations sensorielles.

La Semaine du Pays Basque :Pourquoi cette méthode du toucher ?

Jean-Luc Safin : depuis que l'homme existe, il s'est mis à souffrir. Depuis qu'il souffre debout avec un cerveau perché, l'homme n'a pas trouvé médecine plus immédiate que de demander à son prochain de mettre les mains sur ce corps douloureux d’abord pour le palper, l'examiner puis le soulager. La médecine a commencé avec le toucher. La pharmacopée n'a été qu'une trouvaille plus tardive.

Avec le toucher d'un muscle ou d'un tendon ce que l'on met en évidence ce sont les trois états possibles : contracté, mou ou normal. Ce que l'on va chercher ce sont les anomalies de tension parce qu'elles correspondent à des anomalies de régulation du tonus postural.

LSPB : Comment définiriez-vous l'orthopractie ?

Jean-Luc Safin: L'orthopractie est une thérapie manuelle. C'est une discipline originale qui se différencie des médecines manuelles habituelles par le contexte environnemental -dans lequel les techniques sont pratiquées.
Pendant le traitement, le malade reste en station debout naturelle. Cela paraît anodin et pourtant ça change tout. En effet, la neurophysiologie fondamentale humaine qu'elle soit sensorielle, physique, hormonale, émotionnelle est complètement liée à l’environnement dans lequel elle baigne.

LSPB : Vous dites " soigner debout, ça change tout ", cela signifie quoi pratiquement ?

Jean-Luc Safin: Pour exister, l'homme a besoin de savoir où sont situées les différentes parties de son corps les unes par rapport aux autres pour ensuite le situer, le stabiliser et l'orienter dans l'espace.
Le bébé n'a pas besoin de tourner les pages d'un mode d'emploi pour passer du stade de petit d'homme à celui de petit homme. Il est génétiquement programmé pour vivre sur ses deux pieds.

Ce programme génétique de base n'est pas suffisant. Au fil du temps, il aura heureusement été abreuvé d'informations par les organes des sens qui sont écoutés en permanence par le cerveau. Quand celui-ci peut superposer, comme il s'y entend, les verticales visuelle, posturale et haptique (peau, muscles, viscères) en une représentation unique et cohérente du corps dans l'espace, tout est pour le mieux.
L'individu en bonne santé se tient debout au plus près de la verticale gravitaire de référence. Il ne dépense pas d'énergie pour résister à la pesanteur. Le problème, c'est qu'il arrive que le programme ne se déroule pas comme prévu.
Quand l'individu s'éloigne de la pesanteur, il fait des efforts de rattrapage en allant chercher des muscles qui ne sont pas faits pour ça. Cette adaptation constitue un coût énergétique énorme et ça se traduit par de la douleur.


LSPB : Pour quelles raisons ?

Jean-Luc Safin: d'abord parce que le cerveau n'est pas un ordinateur qui se contente de travailler sur des signaux sensoriels purs, il travaille sur le sens qu'il donne à l'information. Ensuite, parce que les organes des sens ont tous une capacité étonnante à tromper le cerveau et à le rendre victime d'illusions sensorielles. Aucun sens n'y échappe.
Dès lors, entre un cerveau volontiers manipulateur de l'info et un cerveau manipulé par des infos sensorielles erronées, ça peut devenir scabreux pour la santé.

LSPB : Qu'entendez-vous par là?

Jean-Luc Safin: quand un conflit sensoriel vient modifier l'intégration des informations neurosensorielles, le cerveau s'adapte. Il le fait malheureusement dans l'erreur et cette capacité à recomposer ses circuits passe du statut de qualité à défaut, Naît alors insidieusement un syndrome de déficience posturale (troubles du tonus musculaires, du tonus vasculaire, neurosensoriels etc...) dont le malade n'aura aucune chance de sortir spontanément, parce que son cerveau conditionne son fonctionnement autour de ce qu'il prend pour une vérité perceptive, alors que ce n'est en réalité qu'une erreur sensorielle.

LSFB : II faut donc le faire sortir de cette erreur ?

Jean-Luc Safin: la question posée est : est-ce qu'on peut retourner la puissance du cerveau contre lui ? La réponse est oui.

C'est là qu'intervient la posturologie qui grâce aux techniques de l'orthopractie va traiter le patient via ses capteurs sensoriels que sont le pied, l'œil, l'oreille, la peau pour remonter jusqu'au cerveau. C'est lui qui va faire le boulot, et sans que le patient s'en rendre compte. Le cerveau devenant acteur de sa propre " guérison " ou plus exactement de son propre reconditionnement fonctionnel.

Concrètement, quand le malade sent la peau de son dos, bouger sous les doigts du praticien, son cerveau est victime de ce que l'on appelle un " effet Lackner " et traduit cette sensation en " la vertèbre a bougé, elle s'est remise en place". Comme il se tient debout, son cerveau est obligé d'ajouter dans le même temps la dimension de contrôle du corps dans l'espace. Le tour est joué.

(Restranscrit avec l’aimable autorisation de Mr Jean-Luc Safin, Président fondateur de l’association Posturologie Orthopractie,
APRO 19, Avenue de Russie - 03700 Bellerive sur Allier -

Propos recueillis par Pierre Sein (La Semaine du Pays Basque)