Posturothérapie : le journal de la posturologie de Lisbonne

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jeudi, octobre 20, 2005

73/ Cervicalgies, SADAM, approche posturale


" Interpellés, depuis plus de 10 ans, par l’observation fréquente de l’association “cervicalgies répétitives, céphalées à type d’hémicrânies, syndrome algo-dysfonctionnel de l’appareil manducateur (SADAM)”, nous avons retrouvé, chez ces patients, des caractères morphologiques et des modifications posturales stéréotypées :
- asymétrie crânio-faciale (ACF) ;
- port de tête anormalement incliné en Latérocolis ;
- trouble de la statique vertébrale (scoliose, attitude scoliotique).

Mises en évidence et quantifiées par le protocole IRM mis au point par Rousié (1997), et liées à l’asymétrie habituelle du développement de l’expansion cérébrale, les ACF sont très répandues ; mais seule l’amplitude exagérée de ces ACF s’avère susceptible d’induire un désordre postural par son retentissement sur le fonctionnement du système oculo-labyrinthique (SOL) : Rousié, 1999. Celui-ci régit, conjointement avec la proprioceptivité, l’équilibre et la posture par des boucles sensorimotrices autorégulées. La résultante s’exprimant sur le tonus de base ou tonus de posture des muscles tonicophasiques à prédominance tonique de l’axe rachidien.

Chez ces patients, nous avons constamment retrouvé une asymétrie de répartition du tonus postural objectivée par une déviation significative et reproductible au test de piétinement de Fukuda. Tonus asymétrique qui serait la conséquence d’une asymétrie des influx vestibulo-spinaux (Van Tichelen, 2001) constatée lors des contrôles par vidéonystagmo-oculographie avec Épreuve Rotatoire Impulsionnelle (Deroubaix, 1999).

Les muscles posturaux tonicophasiques participent en permanence à l’ajustement proprioceptif de la posture globale de l’individu, de son rachis, de sa sphère cervico-céphalique, pour assurer une horizontalité optimale des récepteurs du SOL (capteurs otolithiques, canaux semi-circulaires, oculomotricité).

Toute facilitation des muscles posturaux d’un hémicorps, d’un hémirachis par rapport à l’autre côté se traduira par une tension asymétrique sur le couple disco-vertébral (segment mobile) source de dérangement intervertébral mineur (DIM), de contraintes articulaires postérieures et discales excessives. La sommation ou la décompensation de ces DIM, leur pérennisation peuvent progressivement modifier l’équilibre musculo-squelettique, la posture globale et cervico-céphalique.

Les articulations temporo-mandibulaires (ATM), suspendues à la base du crâne, représentent le “niveau à bulle” de la posture cervico-céphalique. Une ACF, une asymétrie du tonus de posture, un port de tête déséquilibré en laterocolis retentiront donc sur le centrage respectif des deux ATM qui doivent normalement fonctionner de manière symétrique et synchrone. Il s’en suivra une souffrance musculo-ménisco-articulaire de ces ATM.

Et, si l’on se souvient par ailleurs que la proprioceptivité de l’appareil manducateur dépend du trijumeau V, de même que celle des muscles oculomoteurs, et qu’il existe des interconnexions neuronales intimes au niveau du tronc cérébral entre les noyaux du V, du VIII, et ceux de C1 qui règlent la posture du cardan sous-occipital (muscles verniers de Kapandji), l’on conçoit aisément les inter-relations posturales.

Pour cette symptomatologie plurimodale, polyfactorielle, correspondant à un dérèglement a minima des mécanismes qui régissent l’équilibre et la posture, nous avons mis au point une stratégie d’investigation programmée qui débouche sur une prise en charge ostéopathique repensée, complétée par une prise en charge pluridisciplinaire à la demande. "

C’est un total de plus de 3 000 patients qui a été examiné sous l’angle postural, rachidien, et stomatologique. C’est une cohorte de 224 patients
présentant les critères de port de tête en latérocolis, d’asymétrie du visage, de souffrance de l’appareil manducateur et de douleurs vertébrales répétitives qui a fait l’objet de la thèse de D. Rousié (1999), avec bilan oculo-vestibulaire complet (voir Figure 1)
P. Van Tichelen*, D. Rousié** , J.-P. Deroubaix***, J.-P. Woillez**** *7ter, bd Louis XIV, 59000 Lille. **Service de Stomatologie, CHR de Lille. ***Service d’ORL, CHR de Béthune. ****Service d’Ophtalmologie, CHR de Lille.

RECRUTEMENT DES PATIENTS
Le recrutement de nos patients, examinés depuis 1988, fut double :
- le service de Stomatologie du CHR de Lille où ils consultaient pour un SADAM et/ou des algies orofaciales ;
- à notre cabinet, pour des algies rachidiennes mécaniques dites communes par dérangement intervertébral mineur (DIM) ; mais avec les particularités suivantes : fréquence des cervicalgies hautes avec céphalées latéralisées, fréquence des associations douloureuses intéressant le rachis lombaire, et caractère répétitif de cette symptomatologie.

Outre ces désordres mécaniques stéréotypés, nous avons très souvent observé :
- une asymétrie crânio-faciale (ACF) ;
- un port de tête déséquilibré en “latérocolis”.
Ces patients se plaignaient aussi, dans une proportion significative de cas, d’autres signes fonctionnels d’allure :
- labyrinthique : otalgies, pseudo-vertiges, instabilité fruste.
- ophtalmologique : douleurs péri- ou sus-orbitaires, fatigabilité oculaire, gêne à la fixation, antécédent de rééducation orthoptique pour insuffisance de convergence.

Source de l'article du jeudi 20 octobre 2005