102/ Efficacité des "alphs", travail expérimental.
Les «alphs»... ou quelle est la face efficace des gouttières?
par Alfredo MARINO+, Piero BRESSAN+ et Philippe VILLENEUVE+Associazione Italiana di Posturologia Clinica+Institut de Posturopodie, Paris
RESUME
Une stimulation mécanique très discrète de la muqueuse labiale, réalisée par une surépaisseur collée sur la face vestibulaire des incisives, provoque une modification importante, immédiate et non spécifique du contrôle de la posture orthostatique.
par Alfredo MARINO+, Piero BRESSAN+ et Philippe VILLENEUVE+Associazione Italiana di Posturologia Clinica+Institut de Posturopodie, Paris
RESUME
Une stimulation mécanique très discrète de la muqueuse labiale, réalisée par une surépaisseur collée sur la face vestibulaire des incisives, provoque une modification importante, immédiate et non spécifique du contrôle de la posture orthostatique.
Cette conclusion de notre expérience, bien qu´elle soit cohérente avec la nature dynamique non linéaire du système postural fin, demande à être confirmée par d´autres travaux car elle met en question trop de modèles explicatifs de l´efficacité thérapeutique des gouttières occlusales.
INTRODUCTION
Depuis la publication princeps de Costen (1936) sur les relations entre posture et mandibule, pratiquement aucuns travaux fondamentaux, sauf peut-être ceux de Batini et al. (1974) et de Meyer (1977), sont venus éclairer la route des thérapeutes.
INTRODUCTION
Depuis la publication princeps de Costen (1936) sur les relations entre posture et mandibule, pratiquement aucuns travaux fondamentaux, sauf peut-être ceux de Batini et al. (1974) et de Meyer (1977), sont venus éclairer la route des thérapeutes.
Progressivement cependant, dans les cabinets dentaires, une pratique s´est imposée par son efficacité: la mise en place d´un plan de morsure (pour une revue voir Hartmann & Cucchi, 1993), et Bonnier (1996) a montré que ces prothèses en bouche sont effectivement capables de modifier le fonctionnement du contrôle de la posture orthostatique.
Quelques soient les modèles, mécaniques et/ou neurophysiologiques, qui ont guidés la conception des différents types de plan de morsure, on doit constater qu´ils aboutissent tous à la fabrication d´une prothèse qui encapuchonne tout ou partie d´une arcade.
Quelques soient les modèles, mécaniques et/ou neurophysiologiques, qui ont guidés la conception des différents types de plan de morsure, on doit constater qu´ils aboutissent tous à la fabrication d´une prothèse qui encapuchonne tout ou partie d´une arcade.
Ces «gouttières» ont donc trois faces de contact avec les structures anatomiques de voisinage: une face cuspidienne, une face vestibulaire et une face linguale.
Traditionnellement l´efficacité thérapeutique des gouttières a été uniquement rapportée à sa partie cuspidienne qui, en modifiant l´occlusion, agirait de manière mécanique et/ou neurophysiologique sur le positionnement de l´ATM, l´équilibre tonique des muscles masticateurs.
Jusqu´à présent personne, à notre connaissance, n´a émis l´hypothèse que les stimulations de la muqueuse jugale et/ou linguale dues à la présence de la gouttière puissent être, au moins en partie, responsables de l´efficacité de ces prothèses.
Cette hypothèse nous a été suggérée par les travaux de podologues qui soulignent l´étonnante efficacité posturale de très discrètes stimulations plantaires (Villeneuve-Parpay et al., 1995). Comme cette hypothèse s´inscrit dans la logique de «l´effet papillon» du système postural fin, système dynamique non linéaire (Gagey et al., 1998), nous avons décidé de la tester.
MATERIEL ET METHODES
Le protocole de cette première approche expérimentale a été volontairement très simple: une population de patients fréquentant un cabinet dentaire a été enregistrée sur plate-forme de stabilométrie avant et après la pose d´une prothèse sur la face vestibulaire de certaines dents.Les «Alphs»
Après mordançage à l´acide, pendant 10 secondes, des faces vestibulaires des quatre incisives supérieures (11, 12, 21, 22), rinçage à l´eau et séchage à l´air, nous avons appliqué une très fine épaisseur de TRANSBOND 3M®, matériel composite photopolymérisable. La polymérisation a été obtenue par exposition pendant 10 secondes à la lumière d´une lampe à halogènes émettant dans la bande de fréquence 400/500 nm.
Positionnées au centre de la couronne de chacune des incisives, grossièrement arrondies, ces prothèse collées avaient environ deux millimètres de diamètre et un millimètre d´épaisseur; nous les avons nommées «Alphs».Population
Cinquante sept patients qui venaient à une consultation orthognathodontique ont été sélectionnés sur le seul critère de leur acceptation de participer à cette expérience après qu´ils aient été dûment informés des conditions du protocole.
MATERIEL ET METHODES
Le protocole de cette première approche expérimentale a été volontairement très simple: une population de patients fréquentant un cabinet dentaire a été enregistrée sur plate-forme de stabilométrie avant et après la pose d´une prothèse sur la face vestibulaire de certaines dents.Les «Alphs»
Après mordançage à l´acide, pendant 10 secondes, des faces vestibulaires des quatre incisives supérieures (11, 12, 21, 22), rinçage à l´eau et séchage à l´air, nous avons appliqué une très fine épaisseur de TRANSBOND 3M®, matériel composite photopolymérisable. La polymérisation a été obtenue par exposition pendant 10 secondes à la lumière d´une lampe à halogènes émettant dans la bande de fréquence 400/500 nm.
Positionnées au centre de la couronne de chacune des incisives, grossièrement arrondies, ces prothèse collées avaient environ deux millimètres de diamètre et un millimètre d´épaisseur; nous les avons nommées «Alphs».Population
Cinquante sept patients qui venaient à une consultation orthognathodontique ont été sélectionnés sur le seul critère de leur acceptation de participer à cette expérience après qu´ils aient été dûment informés des conditions du protocole.
Les patients de cette population «tout venant» présentaient ou non les symptômes qu´il est ordinaire de rencontrer à cette consultation: craquements et/ou douleurs de l´ATM, céphalées, cervicalgies, rachialgies et parfois sensations vertigineuses.
Age moyen 24,1 ans ± 6; 41 femmes, 16 hommes.
ENREGISTREMENTS
Les patients ont été enregistrés sur plate-forme de stabilométrie DYNATRONIC DYN 50®, conforme aux normes de l´Association Française de Posturologie (Bizzo et al., 1985), en situation yeux ouverts et yeux fermés, dans les conditions normalisées de l´Association Française de Posturologie (A.F.P., 1985), dans les minutes précédant et suivant la pose des alphs.
ENREGISTREMENTS
Les patients ont été enregistrés sur plate-forme de stabilométrie DYNATRONIC DYN 50®, conforme aux normes de l´Association Française de Posturologie (Bizzo et al., 1985), en situation yeux ouverts et yeux fermés, dans les conditions normalisées de l´Association Française de Posturologie (A.F.P., 1985), dans les minutes précédant et suivant la pose des alphs.
ANALYSE DU SIGNAL
L´analyse du signal a utilisé les paramètres retenus par l´Association Française de Posturologie dont les valeurs statistiques dans une population normale de référence sont publiées (A.F.P., 1985); c´est à dire la position moyenne du centre de pression selon les axes droite-gauche (X) et avant-arrière (Y), la surface de l´ellipse de confiance contenant 90% des positions échantillonnées du centre de pression (Takagi et al., 1985) et les paramètres LFS et VFY décrits dans Normes85 (A.F.P., 1985).
ANALYSE STATISTIQUE
A partir des valeurs de ces paramètres recueillies avant et après la pose des alphs, a été réalisée, par le t-test de Student, une comparaison à zéro de la moyenne des différences appariées.Résultats
La distribution de chacun des paramètres étudiés, avant et après la pose des alphs, est présentée sous forme d´un histogramme sur fond de courbe de Gauss rappelant la distribution normale théorique du paramètre. L´intervalle de classe de tous les histogrammes est toujours égal à la moitié de l´écart-type de la distribution normale théorique. Le t de Student indiqué sur les figures correspond à la comparaison à zéro de la moyenne des différences appariées entre les deux histogrammes.
DISCUSSION
La pose d´alphs sur le versant vestibulaire des incisives supérieures de ces patients «dentaires» a entraîné une diminution, statistiquement très significative, du paramètre LFS (longueur en fonction de la surface) qui évalue la dépense d´énergie requise du sujet pour contrôler sa posture orthostatique (A.F.P., 1985; Nagayama et al., 1987; Vallier, 1994; Imaoka et al., 1997).
Ainsi une minime stimulation orale est capable de modifier le contrôle de la posture orthostatique d´une manière très significative.
L´hypothèse semble donc validée que les stimulations de la muqueuse jugale (et/ou linguale) dues à la présence de la gouttière puissent être responsables d´une partie au moins de l´action de ces prothèses sur le contrôle de la posture orthostatique.
Certes rien dans cette expérience ne permet d´affirmer que l´efficacité reconnue des gouttières ait pour seule origine cette stimulation jugale, mais inversement il n´est plus possible de ne pas tenir compte des effets de cette stimulation lorsqu´on tente d´expliquer le rôle bénéfique des gouttières.
Il est possible que l´effet des alphs ne soit pas spécifique mais simplement en rapport avec une modification du niveau de vigilance général des sujets. Cette remarque cependant peut aussi s´appliquer aux gouttières dont il n´a jamais été démontré qu´elles aient un effet spécifique sur le système postural.
A la suite de ce travail expérimental et conforté par ses résultats, nous avons cherché à évaluer l´efficacité thérapeutique des alphs sur les patients qui présentaient un syndrome de déficience posturale (Da Cunha, 1987).
Les résultats de cette évaluation ne sont pas encore rigoureusement établis mais déjà il semble possible de dire que les alphs comme les gouttières ont une efficacité certaine pour soigner les atteintes du système postural fin, en particulier celles qui manifestent un rapport avec une anomalie occlusale.
Bien plus il nous a semblé que, dans certaines conditions, les réponses obtenues par les alphs variaient systématiquement en fonction du lieu où elles étaient collées; cet effet spécifique des alphs sur le fonctionnement du système postural serait une nouveauté. Mais pour le moment il ne s´agit que d´une impression clinique qui demande à être vérifiée.
CONCLUSION
Une stimulation mécanique très discrète de la muqueuse labiale, réalisée par une surépaisseur collée sur la face vestibulaire des incisives, provoque une modification importante, immédiate et non spécifique du contrôle de la posture orthostatique.
Cette conclusion de notre expérience, bien qu´elle soit cohérente avec la nature dynamique non linéaire du système postural fin, demande à être confirmée par d´autres travaux car elle met en question trop de modèles explicatifs de l´efficacité thérapeutique des gouttières occlusales.
Source de l'article : http://pmgagey.club.fr/Alfredo.html
Source de l'article : http://pmgagey.club.fr/Alfredo.html