Posturothérapie : le journal de la posturologie de Lisbonne

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mardi, avril 18, 2006

108/ Dr Pierre-Marie Gagey


POSTURE ET EMOTION

Plus récemment, à partir des observations de Darwin, Alain Berthoz, psychologue et neurophysiologiste,explique « la posture n’est pas seulement maintien de l’équilibre, elle est aussi expression des émotions »
Des publications très récentes ont montré que d’une part, l’anxiété augmente la surface d’oscillation et également l’excursion du centre de gravité dans le plan sagittal et, d’autre part, que les enfants anxieux ont plus de difficultés dans les tâches d’adresse posturale.
Il est indéniable que les émotions interagissent profondément avec le système postural, nous avons tous en mémoire certaines situations où nous avons été “paralysés” par le trac.


CONTRÔLE POSTURAL ET FONCTIONS COGNITIVES

En 1911, André Thomas avait déjà perçu que la gestion de la stabilité posturale est d’un poids considérable pour le système nerveux central, « si l’homme était obligé de vouloir et de surveiller incessamment son équilibre, son attention serait détournée des phénomènes purement psychiques et ce serait aux dépens du développement et de l’entretien de son intelligence ». Ceci permet peut-être de mieux comprendre les résultats récents sur les troubles cognitifs de jeunes dyslexiques traités par des stimulations posturales visuelles (prismes posturaux) et plantaires (semelles de posture).

Bien que les travaux de Reuven Kohen-Raz4, professeur de psychologie israélien, aient établi depuis 1986 une relation entre posture et maturation cognitive chez de jeunes enfants et les bienfaits d’une rééducation posturale chez les enfants dyslexiques, que par ailleurs un enseignant en éducation physique de l’école parisiennede posturologie, Pascal Bourgeois, ait montré une corrélation entre perturbations posturocinétiques et retard scolaire, ce n’est que très récemment sous l’influence de l’école portugaise de posturologie que nous commençons à suivre des patients dyslexiques en collaboration avec quelques ophtalmologues et orthophonistes.

Mise en évidence du SDP

J’ai montré que plus d’un tiers des patients, venant consulter en Posturologie, présente un SDP.

Il est essentiel de mettre en évidence les véritables SDP. L’histoire médicale de ces patients est parfois très riche et très ancienne ; leurs réactions biomécaniques autant qu’émotionnelles sont souvent intenses. Ils sont fréquemment aggravés par les traitements orthétiques ou prothétiques invasifs (semelles, verres correcteurs, appareils dentaires etc…), voire par les traitements rééducatifs à visée trop mécanique. Ils seront volontiers classés dans la catégorie des patients psychosomatiques voire résistants au traitement…

Avant d’initier une reprogrammation posturale, le posturologue recherchera la présence de zones perturbant la posture du patient au niveau visuel, podal, buccal proprioceptif ou viscéroceptif. En fonction de ses compétences, il traitera la ou les zones parasitant la posture ou adressera son patient à un spécialiste.

Mais la communication entre thérapeutes est parfois difficile, car chaque profession, voire chaque école possède un discours et une vision des choses particulière, centrés sur sa zone d’intérêt ou son entrée posturale privilégiée, dont découle un vocabulaire spécifique. Aussi la posturologie en développant un langage clinique postural simple veut elle permettre à des spécialistes de diverses régions corporelles de véritablement communiquer entre eux.

Elle propose une grille commune d’interprétation des dysfonctions posturales actuellement adoptée par des dentistes, des médecins, des kinésithérapeutes, des ostéopathes et des podologues, et qui permet une analyse globale de l’individu par l’évaluation de l’état d’activité de son tonus postural, grâce à des outils cliniques simples et validés. L’objectif étant aussi d’ouvrir une collaboration entre les orthophonistes et les posturologues…

Dr Pierre-Marie Gagey,
président fondateur de l’Association française
de posturologie, Paris (75)


source et intégralité de l'article
http://www.posturologie.asso.fr/
publication Orthomagazine numero 54 sept/oct 2004