Posturothérapie : le journal de la posturologie de Lisbonne

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mercredi, octobre 26, 2005

77/ Lien entre "posture" et activités cognitives


Posture et apprentissage fondamentaux scolaires chez l'enfant de 8 à 11 ans.
Pascal BOURGEOIS


1 Introduction
L'homme " normal " est symétrique mais un certain nombre d'auteurs comme Da cunha, et Bricot (13) reconnaissent comme le souligne Gagey (18), que 95% des sujets qu'ils ont observés sont asymétriques.
Toutefois la plupart de ces asymétries sont non pathogènes et leurs manifestations restent dans des normes statistiques cliniques et dire que 5% seulement de la population serait statistiquement normale… est difficilement acceptable!
Toutefois, c'est aussi une réalité chez les enfants de 8 à 11 ans, lorsque ceux-ci sont en pleine évolution.
Seulement 5% d'entre eux ne présentent aucune étiologie au cours des trois années lorsqu'on leur fait passer une batterie de tests cliniques tous les 8 mois. (Bourgeois,2003).

Nous avons trouvé des résultats similaires chez les enfants de 8 ans lorsque l'équipe de l'ADAP Paris a réalisé une étude épidémiologique tant d'un point de vue clinique (tests cliniques, orthodontie, ophtalmologie, orthoptie, ostéopathie et podologie) que stabilométrique. (Bourgeois, Gagey, Villeneuve, Weber et al., 2002, non publié). 1 enfant sur 81 seulement ne présentait aucun trouble et pour 14,1% seulement nous ne demandions aucun suivi.

Dès lors, ces manifestations du système de l'équilibre ne sont-ils pas " pathogènes " et notamment sur les apprentissage cognitifs? D'autres paramètres interfèrent-ils ?: les facteurs sociaux, les représentations spatiales et géométriques, les émotions,…

C'est ce que nous nous proposons d'étudier au cours de notre exposé, tant les résultats sont divergents suivant les études.

L'expérience de Ghelfi (1975) sur 200 enfants de 13 à 18 ans a montré alternativement une relation positive entre le contrôle de l'équilibre et la réussite à des tests de langage et de littérature mais une relation négative avec des tests de mathématiques.
Inversement, le Dr Baron utilisait des exercices de calcul mental pour augmenter le niveau de vigilance et par conséquent le contrôle de l'équilibre (Gurfinkel VS, Alexeef M, Elner G. et Baron JB, 1972).
Caron (2002,) a présenté une étude similaire en 2002 aux journées de l'APE.
Cette relation a, aussi, souvent été mise en évidence chez des enfants dyslexiques ( Kohen-Raz, 1970 à 1986) et Da cunha.
Ces résultats ont été maintes fois confirmés par Zazzo (1978) sur des enfants du premier cycle de l'enseignement primaire. ;.
Une communication sur Posture et dyslexie est proposé par le Dr Quercia lors de ces 12e journées.
Des projets de réhabilitation des enfants dyslexiques ont déjà été mis en place par Kohen-Raz en Israël depuis 1986 et Da silva au Portugal propose même d'effectuer un traitement prismatique.
Les études chez les spationautes sont venues confirmer les liens qui existaient entre la Posture et les activités cognitives. Ceux-ci présentent, après un séjour de 15 jours en apesanteur, des problèmes de graphie, de lecture (dyslexie), de représentation spatiale, de coordination des gestes fins conjugués à leurs problèmes d'équilibre.

Dès lors ces dysharmonies posturales occasionnent-elles dans une population scolaire dite " normale " des problèmes cognitifs ?

2 Méthodologie

Nous vous présentons les résultats obtenus à partir d'une longitudinale menée durant 3 ans sur 177 enfants mixtes de 8 à 11 ans et portant sur 11 classes de milieux favorisés et défavorisés.

Nous répétons les différentes investigations cliniques (tests de Fukuda tête neutre et gains nucaux, Romberg, profil de Barre) et stabilométriques tous les 8 mois pendant qu'en double aveugle sont réalisés des épreuves cognitives (apprentissage fondamentaux en : Français, Mathématiques, Lecture : rapide, Rodary, décodage des mots, Barrage de lettres), affectives (Dame de Fay), de mémoire, d'opiniâtreté et de représentation spatiale (Figure géométrique de Rey).
Des analyses statistiques : ACP, Régression linéaire et Anova ont été systématiquement utilisées.

3 Résultats et discussion
Les paramètres stabilométriques et cliniques sont étroitement liés avec les performances cognitives, affectives, d'opiniâtreté et de représentation spatiale.
Mais cette relation semble évoluer en un phénomène cyclique en fonction de la maturation du système d'équilibration qui diffère, aussi, entre les filles et les garçons. Ceci semble expliquer les études contradictoires.
Ainsi, si les garçons posturalement hors norme (PHN) présentent statistiquement les plus mauvais résultats dans la majorité des items cognitifs à l'âge de 9 ans, le phénomène d'apprentissage est accentué par des facteurs sociaux (favorisés, défavorisés, CSP, …). Ce résultat n'est pas significatif chez les jeunes filles PHN qui rapidement vont présenter les meilleurs résultats (dès le CM1) .
C'est ce que nous avions déjà montré chez les lycéennes PHN qui présentait le moins fort taux de redoublement scolaire à l'issue de toute une scolarité.
A 11 ans, les garçons PHN comblent alors la majorité de leur lacune pour présenter à la fin de la classe de CM2, les meilleurs résultats. Une moins forte volonté ou opiniâtreté pourrait-être responsable en partie des mauvais résultats des garçons dans la classe de CE2.

Nous avons relevé, d'un point de vue morphologique, une taille supérieure de 5 cm chez les garçons PHN. Ce facteur entraînerait-il une perturbation de l'équilibre supplémentaire au cours de la maturation de ce système qui n'évolue pas de façon linéaire ou une fatigue excessive qui jouerait sur les apprentissages dans un 2e temps ? Une telle réflexion serait restrictive. Des différences sur le raisonnement et l'intelligence mathématique sont également influencés, d'abord négativement, puis positivement.
Ainsi, le " cortical " mais aussi les émotions et l'équilibre semblent en permanence liés dans un acte complexe, l'apprentissage.
Nous présenterons, enfin, à partir de l'étude épidémiologique de l'ADAP (2002) quelles entrées posturales sont les plus liées avec ces résultats cognitifs.

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